Est-il un mutant dont les neurones auraient commencé à fusionner avec l’intelligence artificielle, ou un robot humanoïde extrêmement perfectionné ? Une chose est sûre, il semble encore hésiter entre présent et futur, cet homme assis à une table lumineuse, qui découvre avec circonspection les objets mis à sa disposition.
Avec Ersatz, Julien Mellano nous propose une projection librement fantasmée de l’homme de demain. Sans mots, avec seulement des gestes, une réalité sonore augmentée -chaque son qu’il produit est amplifié jusqu’à l’absurde- et surtout des « bricolages retors et des effets spéciaux de poche », il nous embarque dans une expérience singulière, réglée au millimètre et pleine de surprises. Un os qui ressemble à un fémur (clin d’œil à 2001 L’Odyssée de l’espace), des morceaux de laine ou de carton… et voilà notre homme du futur qui, comme un cobaye soumis à des stimuli, examine et assemble ces pièces entre elles. Sauf qu’ici, les lunettes 3D sont en carton, le « cerveau externe » en tricotin. De ce décalage absurde entre fantasme high tech et objets low tech se dégage une poésie singulière, à la fois drôle et grinçante. Pas question ici d’asséner des vérités absolues sur les effets secondaires du progrès, juste d’en sourire, mais avec un sourire plein de mélancolie. Une performance qui ne ressemble à rien de connu, à découvrir absolument.