Et si les filles n’avaient plus le droit de sortir sans être accompagnées par un père ou un frère ? Et si, dans une famille de trois sœurs, pour aller faire les courses, l’une d’elles se déguisait en garçon ? Et si elle prenait goût à ce changement, à la liberté qu’il lui offre ? C’est en faisant le constat que, dans les livres comme au théâtre ou au cinéma, le héros de l’histoire est très souvent masculin, qu’Odile Grosset-Grange a eu l’idée de passer commande à l’auteur Mike Kenny de la pièce qu’elle attendait et ne trouvait pas.
Ecrivant pour le jeune public depuis de nombreuses années, Kenny s’est emparé de ce projet avec finesse et a imaginé un monde aux résonnances contemporaines, où l’on enferme les femmes « pour leur bien ». Selon son habitude, il a entrelacé récit et dialogue de façon très fluide, confiant à trois comédiennes la totalité des rôles, y compris masculins. Sur le plateau, une maison comme désossée, dont ne resterait que la structure, symbolise à la fois ce qui protège et ce qui enferme, et se transforme comme par magie en forêt… Un décor mi-réaliste mi-onirique qui souligne la dimension de fable de sa pièce. Sommes-nous face à trois filles jouant à se faire peur ? Au théâtre ? Dans un futur proche ? Ou bien les héroïnes, toujours enfermées, sont-elles en train de se raconter une histoire de liberté ? Entre dystopie et conte à l’ancienne, avec loup et Chaperon rouge, un texte plein de suspense, qui nous montre trois filles bien décidées à prendre leur destin en main.