La représentation de la fratrie est une constante de l’histoire de l’art. Qu’elle soit mythologique, historique ou contemporaine, la fratrie sert de prétexte à l’illustration des rapports de pouvoirs à l’échelle d’une société. Quel rôle joue-t-elle dans la construction de l’identité individuelle ? Partant de ces observations, Nelli Palomäki s’est intéressée à la relation physique et spirituelle qui lie les frères et les sœurs : « Parmi toutes nos relations, celle-ci pourrait bien être la plus délicate. Sous la cohésion et l’amour, se cachent souvent des émotions plus complexes comme la compétition, l’envie et le souci de l’autre [...] Nos frères et sœurs sont comme des miroirs. À travers eux, nous étudions à la fois nos traits adorés mais aussi nos traits indésirables. Nous nous efforçons de voir nos relations familiales comme égales mais il y a toujours des disparités qui nous suivent tout au long de notre vie. »
Formellement, son choix de l’intemporalité se manifeste par une indistinction des lieux, des poses hiératiques et des vêtements soigneusement choisis par la photographe. Il est bien question de mise en scène, mais les enfants jouent ici leur propre rôle dans une gravité que l’on accorde peu souvent à l’enfance. Patiemment, Nelli Palomäki attend le malaise, ce moment où se trouve selon elle la vérité de la relation photographiée.