« Les bêtes ne parlent pas. Pour la raison qu’il y a un père des hommes qui l’a voulu ainsi. Les bêtes ont le silence et les hommes ont les mots ». Dans ce seul en scène, Julie Delille raconte à la première personne, avec sa parole et son corps, mais aussi ses silences, le destin d’une enfant abandonnée, recueillie par une chatte sauvage. Raconte, ou plutôt nous fait ressentir par tous les pores de notre peau ce que c’est que d’être plongé dans une forêt, à l’affût du moindre bruit, de la moindre odeur, ce que c’est que de dormir en pleine nature, de marcher sur des brindilles, d’attraper des truites dans une rivière et de découvrir que les abeilles qu’elles ont avalé distillent un succulent goût de miel.
Le texte, d’une beauté charnue, tellurique, est signé Anne Sibran, qui vit une partie du temps en Equateur. La scénographie nous plonge dans l’obscurité, trouée seulement parfois par des éclats de lumière, ou extrêmement tamisée. Le travail sonore, clé de voûte de ce voyage en terre animale, dessine les contours de cette forêt bruissante, inquiétante ou paisible. Mais la petite sera rattrapée par les humains, qui vont vouloir lui « désapprendre la forêt ». De quel côté se trouve la violence dans tout cela ? Avec ce geste de théâtre d’une beauté radicale, qui nous connecte à notre propre sauvagerie, Julie Delille, artiste issue de la Comédie de Saint-Etienne, aujourd’hui installée dans le Berry, s’affirme comme une voix singulière dans le théâtre d’aujourd’hui.
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Apéro musical "Quelques notes, d’accord ?" à 19h à l’Entre-sort
Une audiodescription à destination des personnes déficientes visuelles sera proposée en partenariat avec l’association Alpes-Regards 05.