Elles sont cinq. Cinq silhouettes en robes colorées, coiffées de couronnes de fleurs, façon Frida Khalo. Fières et magnifiques, elles esquissent au ralenti les gestes du quotidien… Elles, ce sont des muxes (prononcez « mouché »). Un troisième genre à qui la culture zapotèque « permet » d’endosser des rôles féminins dans la famille et dans la société. Avec ces hommes-fleurs, c’est à un splendide voyage immobile que Thomas Lebrun nous convie, au son de quelques rengaines populaires et du témoignage de l’une d’elles, la militante muxe Felina Santiago Valdivieso. Peu à peu, les danseurs se mettent en mouvement et font onduler leurs jupons autour d’eux, à l’unisson, dans ce décor aux sublimes lumières, aux murs rouge vermillon, jaune safran, bleu dur. Pourtant, sous l’intensité des couleurs, c’est une puissante mélancolie qui se dégage de ce fascinant rêve éveillé. Peu à peu sourd l’idée que la vie de ces « muxes » n’est peut-être pas si aisée, et que la violence gronde aux portes de leur communauté.
Un spectacle bouleversant, dans lequel Thomas Lebrun développe avec raffinement son regard sur la féminité de l’homme.